Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Apocalyptica de Drayker



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 02/06/2018 à 23:33
» Dernière mise à jour le 08/05/2019 à 18:35

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 72 : Nuages noirs à l'horizon
Le réveil fut particulièrement éprouvant pour Joshua. La nuit avait été beaucoup trop courte, et même après avoir réintégré sa chambre, il avait peiné à trouver le sommeil.

Il faut dire que le retour dans la chambre n’avait pas été très discret. Dès qu’il avait franchi la porte, une Lina inquiète et irritée l’avait accueilli, parfaitement réveillée.

« Où est-ce que t’étais passé ? Je t’ai cherché dans tout l’étage ! » s’était exclamée la rousse, furieuse.

Il avait bredouillé un vague mensonge mentionnant une insomnie et une envie de faire du sport. Bien que la conversation avec l’Autre l’ait effectivement stressé au point qu’il se mette à transpirer, Joshua s’était pertinemment rendu compte que Lina n’était pas dupe et se reprocha immédiatement son inconscience.

Malgré tout, la jeune femme n’avait pas poussé son avantage et l’avait laissé s’installer en grommelant un vague « bonne nuit ».

Tous deux étaient encore couchés quand on frappa à la porte.

« Kessecé ? marmonna vaguement Lina.
- Comment ça, qu’est-ce que c’est ? Vous entendez pas ? Ouvrez-moi ! » retentit la voix de Kate, étouffée par la porte.

Joshua poussa un râle de fatigue et s’enfouit sous les couvertures.

« J’ai compris, j’y vais. » grommela sa petite amie.

Elle émergea du lit en soupirant, s’assit au bord et enfila son bas de combinaison et un débardeur du même gris que toutes les tenues de X-Corp. D’un pas mou, elle s’approcha de la porte et apposa sa main sur le panneau digital.

Kate, qui se tenait de l’autre côté, entra immédiatement dans la chambre sans plus de considération pour leur intimité, l’air surexcité.

« Il pleut ! lança-t-elle. Il pleut dehors !
- Hein ? Qu’est-ce que tu… » commença Lina.

Elle s’interrompit, si soudainement que Joshua sortit la tête des couvertures et tendit l’oreille. Il réalisa alors que cela faisait un petit moment qu’il entendait une sorte de doux bruit régulier, comme une infinité de petits projectiles qui percutaient le toit du bunker, produisant un son qu’il n’avait pas entendu depuis le Changement.

« Au nom de… C’est la pluie, ce qu’on entend ? s’étonna Lina.
- Oui ! Bon sang, mais vous dormiez encore ? Il est midi passé ! Jade est partie ouvrir la porte pour voir à l’extérieur. Venez, magnez-vous ! »

Et elle les planta là sans plus de considération, se hâtant en direction de l’entrée du bunker. Lina lança un regard en biais à Joshua et se hâta à sa suite, laissant le jeune homme seul dans la chambre.

Ce dernier, dont la fatigue venait de s’envoler, s’extirpa prestement du lit, enfila sa combinaison et se lança derrière elles.

~*~
Quand Joshua arriva enfin près de l’entrée principale du bunker, ce fut pour constater qu’elle était grande ouverte. La chaleur habituelle du désert s’engouffrait dans les couloirs de béton, ce qui ne semblait pas déranger Will, qui restait debout dans l’encadrement, Fenrir assis à ses côtés.

Joshua, essoufflé alors qu’il avait à peine trottiné pour arriver jusqu’ici, s’approcha de l’ouverture et constata que Kate avait dit vrai. Dehors, le sable doré prenait une teinte plus sombre au fur et à mesure que les trombes d’eau qui tombaient du ciel venaient l’irriguer.

« Au nom d’Arceus, souffla le jeune homme.
- Je croyais que tu avais arrêté de croire à ces conneries ? l’accueillit Will avec sarcasme.
- C’est la première fois qu’il pleut en combien de temps ? Un an et demie ?
- Et c’est pas une petite averse. Je serais pas étonné que ça tourne à l’orage. »

L’ex-étudiant en psychologie acquiesça et reporta son attention sur le spectacle qui se déroulait devant eux. Le sable se gorgeait d’eau avec avidité, et au loin, Joshua distinguait les montagnes ocres qui ruisselaient joyeusement. Au-dessus d’eux, la pluie tambourinait sur le plafond de béton de l’entrée, seule partie du bunker qui dépassait du roc.

« Où sont les filles ? demanda alors Joshua, cherchant Kate et Lina du regard sans les trouver.
- Elles sont sorties en profiter, je crois. Même Jade y est allée.
- Et pas vous ?
- Je reste avec Fenrir. Il supporte mal la pluie. Et il n’est pas encore remis. »

Joshua jeta un coup d’œil à l’Arcanin convalescent, dont le museau fatigué était retroussé en une moue renfrognée. Effectivement, d’eux tous, il était probablement celui qui accueillait ce soudain changement de météo avec le moins d’entrain.

« Mais vas-y, t’en fais pas pour nous, lança alors Will en souriant. Profite. »

Le jeune homme ne se fit pas prier et quitta l’abri. Dès qu’il mit le pied dehors, les trombes d’eau chaude s’abattirent sur lui, trempant ses vêtements en quelques secondes. Sous ses chaussures, le sable gorgé d’eau était mou et pâteux, d’une consistance proche de l’argile.

Levant le regard, il aperçut les trois silhouettes de Lina, Jade et Kate à vingt ou trente mètres de lui. Il s’approcha d’un bon pas, plissant les yeux, à moitié aveuglé par la pluie chaude qui ruisselait sur son visage. Il entendit alors les éclats de rire.

Lina, bras écartés, tourbillonnait au milieu de l’averse telle un derviche, ses cheveux volant au vent tandis qu’elle riait. Kate, hilare elle aussi, lui jetait des mottes de sable compactes, tandis que Jade, tenant sa veste à bout de bras au-dessus d’elle pour se protéger, avait le regard rivé vers les montagnes.

« Alors, on s’amuse ? cria Joshua pour couvrir le vacarme de la pluie.
- C’est génial, non ? s’exclama Lina en le voyant arriver. Il a pas plu comme ça depuis le Changement ! Bordel, qu’est-ce que ça fait du bien ! »

Joshua allait répondre mais fut interrompu par un tir de sable envoyé par Kate. Surpris, il se pencha in extremis pour l’éviter, puis poussa un cri de guerre avant de saisir une poignée argileuse et de répliquer furieusement.

L’hybride Métamorph, qui ricanait, se prit du sable en plein visage et fit une grimace de dégoût avant de lever les mains en signe de reddition.

« Ok, ok, je capitule ! » lança-t-elle sous les rires moqueurs de Lina.

Le jeune homme s’approcha de cette dernière qui se tourna vers lui, un air ravi peint sur les traits. Lina était trempée de la tête aux pieds, ses cheveux étaient collés contre son visage et elle allait probablement finir avec un bon rhume, mais Joshua l’avait rarement vue aussi heureuse. Ils s’embrassèrent malgré leur brouille de la nuit précédente, ce qui acheva de faire culpabiliser le jeune homme, qui ne se sentait pas de cacher la vérité à ses compagnons ainsi.

« Regardez ! lança alors Kate. Il y a quelque chose qui pousse ! Là ! Et là, aussi ! »

Joshua et Lina tournèrent la tête vers elle. Surexcitée, Kate pointait du doigt un petit point vert qui semblait germer au milieu du sable marron. Intrigués, les deux jeunes gens s’approchèrent et constatèrent que l’hybride disait vrai. Ce qu’ils avaient sous les yeux ressemblait à un bourgeon.

« Comme il pleut rarement dans les déserts, les graines restent en sommeil sous la surface, lança alors Jade, qui fixait toujours les montagnes au nord-est. Elles s’activent quand il pleut, mais ça ne tient jamais très longtemps.
- J’avais oublié que tu étais notre experte botaniste, sourit Kate, d’humeur joyeuse.
- Qu’est-ce que tu regardes ? demanda alors Lina en remarquant que la paraplégique fixait toujours les pics rocheux.
- La chaîne de montagnes qui nous sépare de Losignan, devina Joshua. C’est ça ?
- Oui. C’est de là que viennent les nuages.
- Et alors ? questionna Lina sans comprendre.
- Alors vous ne trouvez pas ça bizarre ? » demanda Jade en se retournant vers eux.

Joshua fronça les sourcils.

« On devrait ? s’étonna Kate.
- On n’a jamais eu d’averse comme ça à Salmyre depuis que j’ai dix ans, expliqua Jade. Même en hiver, il ne pleuvait pas autant.
- Il ne faisait pas aussi chaud non plus, contra Lina. Le Changement a complètement bouleversé le climat. Les vents ont changé de sens et les dunes de sable se sont déplacées. On l’a bien vu quand on explorait le désert. Il s’est agrandi.
- Ça, d’accord. Mais si la région de Salmyre est un désert, c’est pas parce qu’il y fait chaud.
- C’est parce que les montagnes arrêtent la pluie. » acheva Joshua en comprenant soudain où Jade voulait en venir.

Le jeune homme leva le nez et fixa les montagnes ocres au loin. Au-delà se trouvait Lusignan, ville portuaire dont la région était réputée pour ses terres fertiles, sa forêt et ses marécages. Jade avait raison. Si Lusignan était jadis si verte, et Salmyre si déserte, c’était parce que tous les nuages en provenance de l’océan étaient arrêtés par la barrière montagneuse, forçant la pluie à se déverser sur Lusignan et privant ainsi Salmyre des précipitations qui auraient permis à la végétation de s’y développer.

« Ok, les enfants du désert, grommela Lina. On a pigé, vous connaissez le cycle de l’eau par cœur. On vous écoute. Qu’est-ce qui vous tracasse ?
- Salmyre n’est pas un désert tropical, expliqua alors Joshua. On est pas à la bonne latitude. Avant le Changement, il faisait chaud, mais on ne mourrait pas non plus de soif si on restait trois heures au milieu du sable.
- C’est à cause de la barrière de montagnes, renchérit alors Jade. Les nuages qui viennent de l’océan sont arrêtés et obligés de se déverser de l’autre côté, dans la région de Lusignan. C’est pour ça que c’est si fertile chez eux et si aride chez nous.
- Que c’était si fertile, corrigea Kate. Si ça se trouve, le Changement a déréglé le climat là-bas aussi. Le désert a pu s’étendre de l’autre côté des montagnes.
- Le Changement peut dérégler ce que tu veux, mais les montagnes sont toujours là, contra la paraplégique. Et elles sont censées arrêter les nuages. Donc faire pleuvoir là-bas.
- Pourtant c’est pas le cas. Donc la conclusion, c’est quoi ? demanda Lina.
- J’en sais rien. Je trouve juste que cet orage est bizarre. On en a jamais eu de comme ça, même avant le Changement. Et en plus, j’ai l’impression que les nuages se déplacent bizarrement. »

Tous levèrent la tête, intrigués. La pluie chaude leur fouettait le visage, diminuant la visibilité.

« J’vois rien, grommela Lina. Il pleut trop.
- Pareil, avoua Joshua.
- Ils ne se déplacent pas dans le même sens, lança alors Kate, surprise.
- On est d’accord, j’ai pas rêvé, lança Jade, visiblement soulagée. Ils arrivent tous du nord-est, de Lusignan, mais ensuite ils vont tous dans des directions différentes.
- Comme une flaque d’eau qui se répand ? fit Joshua, perplexe.
- Si on veut.
- Ok, vous commencez à me faire flipper, les météorologues, intervint Lina. J’ai compris que c’était pas normal. Mais dans ce cas, il sort d’où, cet orage ?
- Aucune idée, répondit Jade en haussant les épaules.
- Dans tous les cas, on ferait mieux de pas trop traîner, avertit Joshua. Le sable va bientôt être trop gorgé pour avaler l’eau. Vu comment ça tombe, on risque l’inondation.
- Tu déconnes, lança Kate.
- Non, il a raison, appuya Jade. Il vaudrait mieux rentrer.
- T’arrives à rouler dans le sable mouillé ? s’enquit Lina. Tu veux que je te pousse ?
- Ça va aller, fit sèchement la paraplégique, froide comme à chaque fois qu’on lui rappelait son handicap.
- Alors on rentre. J’ai pas envie de chopper la grippe. » conclut Kate.

~*~
« Il y a des Pokémon qui peuvent modifier la météo. »

Telle avait été la conclusion de Will après avoir calmement écouté leur récit.

Tous les cinq étaient installés dans le réfectoire, qui était visiblement devenu le lieu de réunion attitré du groupe. Après avoir revêtu des habits secs, ils s’y étaient donné rendez-vous pour faire le point sur ce changement brutal de météo. Kate, dernière arrivée, achevait de se sécher les cheveux dans un coin, armée d’une serviette grise déjà bien trempée. Fenrir, toujours maussade, somnolait non loin du garde-manger.

« D’accord, mais pas aussi violemment, si ? demanda Joshua.
- Non, avoua l’ex-Elitien.
- Dans les légendes d’Hoenn, ils parlent de Kyogre, qui est capable de plonger le monde entier dans un orage sans fin, lança Jade, pensive.
- On aurait bien besoin de lui, tiens, grommela Kate.
- Kyogre n’est qu’une légende, coupa Will.
- Et si plusieurs Pokémon s’y mettaient ensemble ? suggéra Lina. Il me semblait avoir entendu parler d’un truc comme ça à Sinnoh. Un programme pour lutter contre la désertification.
- Ça demande de dresser un sacré paquet de Pokémon Eau, répliqua l’ancien détective. Une initiative gouvernementale pouvait peut-être recruter assez de Dresseurs pour faire ça, mais maintenant…
- Et si c’était des hybrides ? »

Tous les regards se tournèrent vers celle qui avait émis cette hypothèse. Kate, qui venait de finir de se sécher les cheveux, ôta sa serviette, dévoilant ses mèches bigarrées.

« Bah quoi ? C’est vrai. On reçoit un message de types qui nous proposent de les rejoindre à Lusignan, en disant qu’ils ont des hybrides, et maintenant il y a des nuages de pluie louches qui nous arrivent de là-bas.
- Ça se tient, avoua Jade.
- Ça ferait quand même beaucoup d’hybrides, argua Joshua.
- Ou quelques hybrides très puissants, avança Kate. Voire un Apocalyptica. Modifier la météo, ils doivent bien avoir ça sous le coude, non ?
- Vous avez regardé plus précisément, pour les coordonnées ? » demanda Lina à l’attention de Will.

Ce dernier acquiesça silencieusement et sortit un papier plié en huit de sa poche de combinaison. Il le déposa sur une des tables du réfectoire et le déplia, révélant une carte d’Algosya. D’un geste, il leur fit signe d’approcher.


« Le point vert au milieu du désert, c’est le laboratoire où tu t’es réveillée, Kate, expliqua le barbu. Le point jaune est celui où j’estime l’emplacement de votre colonie d’après ce que vous m’avez raconté.
- C’était un peu plus au nord, corrigea Lina. Mais c’est à peu près ça. Le gris, c’est le bunker ?
- Oui. Et la zone encadrée en rouge, c’est celle qui correspond aux coordonnées du message radio.
- Effectivement, c’est large, déplora Joshua.
- A ce point ? J’ai du mal à me le représenter sur la carte, avoua Kate.
- Entre le bunker et votre colonie, il y a à peu près 600 kilomètres, si ça peut t’aider.
- Donc à vue de nez, la zone où a été émis le signal fait dans les 150 kilomètres carrés.
- Eh bah on est pas dans la merde. » conclut Lina.

Will replia la carte en opinant du chef.

« Donc si certains envisageaient encore de s’y rendre… »

Kate accueillit la remarque avec un grommellement.

« C’est bon, on a compris que tu ne voulais pas qu’on aille là-bas.
- Recommencez pas… soupira Joshua.
- On a d’autres soucis pour l’instant, c’est tout, coupa Will.
- Ah oui, et on fait quoi, précisément ? On laisse Sanae enfermée au dixième et Riolu dans sa Pokéball en attendant que ça passe ? grommela Lina. Je suis d’accord pour dire que d’aller là-bas n’est pas envisageable, mais concrètement, on fait quoi ?
- Pour l’instant, on ne fait rien, rétorqua Will. Si l’Autre peut effectivement rentrer dans nos têtes, il n’y a pas grand-chose à faire à part se surveiller les uns les autres. »

Il marqua une pause et sembla fixer un point au loin, avant de secouer la tête.

« Si vous avez des idées, je suis preneur, mais dans l’immédiat, je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’en plus d’être un piège potentiel, ce signal radio est beaucoup trop vague et éloigné pour que ça vaille la peine de perdre du temps avec pour l’instant.
- On n’a que ça à faire, perdre du temps. » maugréa Jade.

Lina et Kate bougonnèrent elles aussi quelques temps, puis l’hybride Métamorph se leva et annonça d’un air sec :

« Eh bien moi, je ne compte pas rester les bras croisés. Tournez-vous les pouces si ça vous plaît, mais je compte bien trouver d’où vient ce signal, qui sont ces gens et comment les rejoindre. Sur ce. »

Et elle quitta le réfectoire d’un pas irrité sans leur accorder un regard. Lina jeta un coup d’œil à Joshua, qui haussa les épaules en signe d’impuissance. En soupirant, la jeune femme se leva elle aussi et se lança à la poursuite de l’hybride, visiblement dans le but de tempérer son énervement.

« Kate ! Attends-moi ! »

Le silence s’abattit sur le réfectoire. Will, exaspéré, disparut dans le garde-manger, probablement en quête d’une bouteille de whisky.

« Bon, hé bien je crois que je vais y aller aussi. » finit par lâcher Jade d’un ton las.

Elle s’éloigna sur son fauteuil, dont les roues humides crissèrent sur le carrelage du réfectoire, accentuant le sentiment de malaise de Joshua qui se retrouva seul dans la salle, avec Fenrir qui pionçait toujours dans un coin.

« Comment est-ce qu’on fait pour que chaque conversation de groupe tourne au vinaigre ? maugréa Will en reparaissant, une bouteille ambrée à la main. C’est quand même dingue.
- Tout le monde est à cran, argua Joshua en s’approchant de la porte pour vérifier que Jade était bien partie. Ça se comprend. Il y a potentiellement une entité inconnue qui peut nous posséder à tout moment, on a eu des nouvelles du premier groupe de survivants dont on entend parler depuis la colonie, et tout ce qu’on fait, c’est se tourner les pouces. Ça a de quoi irriter.
- Alors qu’est-ce que je dois faire ? Les emmener avec nous au dixième ?
- Laissez Kate s’occuper avec le signal, conseilla le jeune homme. Elle tient vraiment à cette histoire de survivants.
- Dans tous les cas, même si on trouvait où c’était et que l’on arrivait à déterminer que ce n’est pas un piège de l’Autre, on ne pourrait pas y aller. Il n’y a que Lina et moi à être à peu près en bonne condition physique.
- Kate et moi ne sommes pas infirmes non plus, grommela Joshua. Je serais lent, mais je pourrais voyager. Et Kate a juste du mal à fermer la main, rien d’insurmontable.
- Il reste Jade, répliqua Will. Pour aller à Losignan, il faudrait franchir la chaîne de montagnes, ce qui prendrait déjà des jours, ou alors contourner par Omnia, ce qui prendrait des semaines sans véhicule. Et c’est sans compter une paraplégique. »

Joshua grimaça. L’ex-Elitien disait vrai. Ils étaient coincés dans ce bunker, tandis que planait sur eux la menace de l’Autre. Et ils ne pouvaient rien y faire.

« Alors il faut que l’on accélère le rythme, décréta soudain le jeune homme, refusant de céder à l’impuissance. Il faut qu’on interroge Lyrian, qu’on demande son aide à Sanae, qu’on trouve un moyen de se protéger de l’Autre, et vite. On ne lui a pas parlé de Riolu et du signal radio, hier soir. Il faut s'y mettre.
- C’est bien pour ça que je t’ai demandé de m’aider, répondit le barbu après une rasade de whisky.
- Y aller la nuit ne suffit pas. Il faut qu’on y aille aussi en journée.
- Elles le remarqueront.
- Alors on leur dit la vérité.
- On ne peut pas et tu le sais très bien, gronda Will.
- Lina m’a déjà grillé hier soir. Elle était réveillée quand je suis rentré.
- Et qu’est-ce que tu lui as dit ?
- Un mensonge nul. Elle ne m’a pas cru. De toute façon, je ne veux plus lui mentir. Pas après ce que nous a dit l’Autre hier. Il faut qu’on mette tout le monde au courant.
- Au courant de quoi ? Que l’Autre veut se repentir, prétend s’excuser et regretter, et qu’en parallèle, il prend possession d’une personne supplémentaire chaque seconde qui passe ? Si ça se trouve, il mentait. A l’heure qu’il est, il doit avoir dépassé le millier, ricana Will. Je ne suis même pas sûr qu’il y ait autant de survivants en Algosya.
- Dans tous les cas, il faut qu’on accélère, et je ne peux pas continuer à aller au dixième la nuit. Lina va avoir des soupçons.
- On ne peut pas leur en parler, Joshua. Pas tant qu’on n’a pas de solutions à leur apporter pour faire passer la pilule.
- Alors on fait quoi ? On laisse tomber ? On avait enfin obtenu des réponses, hier !
- Non, on ne laisse pas tomber. Tiens, prends ça. »

Il ôta le pass qu’il avait enfilé autour de son cou et le tendit au jeune homme, qui cligna des yeux sans comprendre.

« L’Autre t’a plus parlé en une soirée qu’à moi en un mois. Je ne sais pas pourquoi, mais il accepte de répondre à tes questions, alors autant que ce soit toi qui garde ça. Vas-y en journée, quand tu veux. Préviens-moi juste à l’avance que je trouve de quoi occuper Lina. Et sois discret. »

Joshua fourra la carte d’accès dans sa poche en opinant lentement du chef.

« Je te fais confiance pour nous sortir de là, mon gars, reprit calmement Will. Fais en sorte que pour une fois, je ne me sois pas planté. »