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Ces hivers-là... [Mini-recueil] de Silver_lugia



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Informations

» Auteur : Silver_lugia - Voir le profil
» Créé le 08/12/2008 à 20:21
» Dernière mise à jour le 06/02/2010 à 22:26

» Mots-clés :   One-shot

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Son plus beau Noël [Noël 2008]
Le feu crépite doucement dans la cheminée. Il dégage une douce et apaisante chaleur, agréable par ce temps froid. Mais moi, je préfère le froid, aussi resté-je près de la porte, sous laquelle s'échappe un courant d'air glacé. Dans un fauteuil, mon dresseur lit une de ces bandes dessinées japonaises qu'il appelle "manga". Je suis son premier et unique pokémon. Cela fait si longtemps que je suis avec lui... Tellement longtemps que je ne me rappelle plus depuis quand. Mais le jour de notre rencontre, en revanche, je ne l'oublierai jamais. Je m'en souviens comme si c'était hier.

Je marchais dans la forêt enneigée, mes plumes se balançant au rythme de mes pas. Je n'avais pas vraiment de but précis, je marchais juste pour marcher comme j'aimais le faire. La neige crissait sous mes pieds palmés, seul trou dans le silence de glace qui régnait dans la forêt. Les sapins et autres conifères étaient recouverts de neige, installant avec le silence une ambiance unique. Nulle part ailleurs, j'en étais certain, ne pouvait se trouver ce même mélange de magie et de solitude que j'appréciais tant. J'étais bien.
Soudain, j'entendis des cris à ma droite. Je me précipitai vers leur source, recevant au passage la neige déposée sur les branches basses que je heurtais sur mon passage. Enfin, j'arrivai sur les lieux du drame.
Dans un petit espace sans arbres, pas assez grand pour être qualifié de clairière, des cerfrousses étaient rassemblés en cercle autour d'un petit garçon. Il avait jeté ses habits chauds par terre et était accroupi par terre, ne portant qu'un haut dont les manches ne lui arrivaient qu'aux épaules et qui avait l'air très fin et un pantalon qui lui arrivait aux genoux. Il ne devait pas avoir plus de huit ans. Ses cheveux blonds lui arrivaient un peu en dessous des oreilles. Le gamin faisait des pâtés avec de la neige et riait.

« C'est l'été ! C'est l'été ! » criait-il.

Les cerfrousses riaient grassement devant ce grotesque spectacle. Ils l'avaient manifestement hypnotisé et plongé dans l'illusion qu'il faisait chaud. Je ne trouvai pas ça drôle du tout : le pauvre gosse risquait de tomber très malade en restant ainsi par une pareille température !

« Mais vous êtes fous ! » ne pus-je m'empêcher de m'écrier.

Tous les cerfrousses se retournèrent vers moi, relâchant leur emprise psychique sur le pauvre gamin. Se rendant compte de la situation dans laquelle il se trouvait, le petit voulut remettre ses vêtements, mais un cerfrousse venait de les lui voler. Indigné par cette scène, je ne vis pas un cerf m'envoyer, d'un coup de bois bien placé, m'écraser contre le tronc d'un arbre. Le choc fit tomber sur moi toute la neige qui reposait sur ses branches. Pendant ce temps, un grand cerfrousse avait suspendu les vêtements du jeune garçon à ses bois, trop hauts pour que leur propriétaire puisse les attraper. Le pauvre garçon sautillait en tendant les bras pour tenter de récupérer son bien.

« Au moins, ça le réchauffe un peu... » pensai-je.

Mais je devais l'aider. Je sortis de mon tas de neige et chargeai un cerfrousse au hasard. Celui-ci s'écarta et je partis, emporté par mon élan, m'écraser dans le flanc du grand cerfrousse. C'était le moment où jamais : je lui envoyai mon attaque cadeau, visant la tête et priant pour qu'il lui soit néfaste. Mais j'avais agi trop précipitamment et, par conséquent, mal visé. Le cadeau alla s'écraser sur la tête du petit garçon. Il sembla avoir recouvré son énergie et martela le dos du cerfrousse de ses petits poings, lui hurlant de lui rendre ses affaires. Surpris, le pokémon tourna la tête vers son assaillant et j'en profitai pour me hisser tant bien que mal sur son dos. Je récupérai les vêtements et m'enfuis en courant. Bien sûr, je voulais rendre ses affaires au gamin, mais les cerfrousses ne m'auraient pas laissé faire. J'espérais que le môme comprendrait qu'il devait me suivre et qu'il réussirait à échapper à ces pokémons malfaisants.
Je me perchai sur une branche d'un des rares arbres non-conifères de la forêt et attendis. Des bruits de cavalcade parvinrent bientôt jusqu'à mes oreilles. Je descendis de mon arbre et me cachai derrière son tronc.
Le pauvre garçon courait à perdre haleine, poursuivi par une horde de cerfrousses furieux.

« Psstt ! l'interpellai-je. Par ici ! »

Je doutais qu'il m'ait compris, mais il me vit et me suivit dans les bois lorsque je repartis.

« Où est-il passé ? s'écria l'un des Cerfrousses, furieux.
- Par-là ! Il a retrouvé le cadoizo ! lui répondit une autre voix.
- Cours, vite ! » intimai-je au garçonnet.

Les cerfrousses se rapprochaient inexorablement de nous. Soudain, le gamin remarqua une petite cachette, sous les branches basses d'un arbre. Je m'y faufilai à sa suite tout en prenant le soin d'effacer nos traces avec les plumes de ma queue. Les cerfrousses passèrent devant nous sans nous apercevoir et continuèrent leur chemin.

« Tiens, voilà tes affaires ! » fis-je en tendant ses habits au gamin.

Le gosse se rhabilla rapidement. Puis nous quittâmes la forêt - craignant de revoir les cerfrousses - pour aller dans la plaine.
La plaine. C'était un de mes endroits préférés. La neige y étendait constamment son froid manteau. Il n'y avait que du blanc, du blanc à perte de vue qui donnait l'impression de se retrouver seul dans son propre esprit. Ce silence imposant... Cette couleur rafraîchissante... J'étais en paix avec moi-même.
Puis le gamin pleura. Il éclata en sanglot, faisant fondre de la neige là où ses larmes tombaient, il troublait le silence paisible par ses cris de tristesse. Il tomba à genoux, m'enlaçant de ses frêles et maigres bras, et il continua à pleurer, longtemps.
La nuit était tombée depuis un bon moment déjà lorsqu'il cessa ses larmes.

« C'est la nuit de Noël... murmura-t-il. C'est la nuit de Noël et je suis perdu... Au village, ils font tous la fête, il y a les lumières, il y a le sapin, il y a le Père Noël, il y a les cadeaux... Mais pas pour moi... »

Il me regarda avec des yeux tristes à pleurer.

« C'est la nuit de Noël... »

La nuit de Noël... J'en avais entendu parler, de cette nuit hors du commun. Les humains échangeaient des cadeaux, illuminaient leurs demeures, et passaient un moment joyeux tous ensemble.
Je regardai le gosse : il s'était endormi, pelotonné à mes pieds. Il était si chétif, si petit... Et il était là, recroquevillé dans la neige, les yeux mouillés, aux pieds palmés d'un cadoizo qu'il venait de rencontrer. C'était la nuit de Noël...

Le gamin endormi dans mes bras, j'avançai dans la forêt. Je savais où se trouvait le village humain le plus proche et j'étais presque sûr que c'était le sien. Mais il faisait noir, et, n'ayant pas l'habitude de marcher dans la forêt dans ces conditions, je finis par me perdre. Puis je remarquai, à ma gauche... une source de lumière ! Qu'est-ce qui pouvait bien produire de la lumière à une heure si tardive et par un temps aussi froid ? Peut-être était-ce une patrouille humaine à la recherche de l'enfant.
J'avançai vers la source de toutes mes interrogations jusqu'à arriver devant le Grand sapin. J'avais souvent entendu parler de cet arbre, sans jamais le voir. C'était le plus grand sapin de la forêt. Il se trouvait exactement à son centre, et ses quatre branches les plus longues indiquaient les points cardinaux. Des mucioles et des lumivoles voletaient autour, diffusant une douce lumière autour de l'arbre. De petites traînées de poudre lumineuse s'échappaient de leurs abdomens et se déposaient sur les branches enneigées du sapin, dessinant comme un grand serpent lumineux autour de lui. L'enfant ouvrit les yeux, sans doute réveillé par cet afflux de lumière dans l'obscurité précédente de la nuit, et regarda le sapin d'un air émerveillé. Il se dégagea de mes bras et courut vers le sapin.

« On est rentré ! On est rentré ! On est ren... »

Le blondinet perdit la mine émerveillée qu'il arborait quelques instants plus tôt en voyant que nous nous trouvions toujours dans la forêt. Ses paroles sur la nuit de Noël étaient encore gravées dans ma tête et son air attristé les fit brutalement revenir en moi :

« Il y a les lumières, il y a le sapin, il y a le Père Noël, il y a les cadeaux... »

Je remarquai que les lumières et le sapin étaient déjà là. Et si je lui organisais une nuit de Noël à ma façon ? Je ne savais pas qui était le Père Noël, mais je pouvais faire apparaître des cadeaux. J'utilisai mon attaque Cadeau et lançai des paquets colorés partout autour de l'arbre.
Le gosse, qui avait recommencé à pleurer, se retourna et me vit.

« Oh, Père Noël ! » s'écria-t-il en se précipitant vers moi.

Il me serra dans ses bras.

« Oh, merci, merci Père Noël... »

Il pleurait encore, mais c'était des larmes de joie.

« Merci, merci... »

Les mucioles et les lumivoles volaient autour du Grand sapin, l'illuminant de leur essence de vie, et le petit garçon me serrait dans ses bras, au milieu des cadeaux éparpillés sur le sol.

« Tomy ! » cria une voix derrière nous.

Une femme rousse emmitouflée dans un grand manteau se précipitait vers le blondinet.

« Maman ! » s'écria le môme en entendant la voix.

La mère souleva son fils et le fit tournoyer, au comble du bonheur.

« Tomy ! Tomy, tu n'as rien !
- Hé, vous avez retrouvé le petit ?
- C'est lui ! Il est là !
- Hé, ils ont retrouvé Tomy ! »

Des humains émergeaient tour à tour d'entre les arbres, les visages rayonnants de joie. Un homme prit Tomy des bras de sa mère.

« Mon bonhomme ! On t'a retrouvé ! Mon p'tit bonhomme !
- C'est grâce au Père Noël papa. Il m'a aidé.
- Le Père Noël ? s'étonna la mère.
- Oui, fit-il en me montrant. Dites, vous m'aviez pas dit que c'était un pokémon ! »

Cette nuit-là, la forêt fut remplie encore longtemps d'éclats de rires et de joie.


Tomy me tire de ma rêverie.

« C'est l'heure, Père Noël. »

Il ouvre la porte et me laisse passer devant. Des bambins courent et jouent autour du sapin. Je m'approche d'eux.

« Oh, c'est Père Noël !
- Père Noël, apporte-nous des cadeaux ! »

Un sourire au bec, je lance des cadeaux sous le sapin, que les gosses s'empressent d'aller ouvrir. J'ai beau savoir qu'ils ne peuvent me comprendre, je leur crie quand même :

« Joyeux Noël ! »

Puis, Tomy et moi partons à la forêt, pour fêter notre Noël à nous.


FIN