Fais un vœu...
de Minigoupix

- Hé non ! Racaillou ! Vous n'aviez pas le droit de précipiter mon Pokémon dans l'eau ! hurlait un petit garçon.
- Tu as voulu combattre sur la plage, l'océan comme le sable, c'est toujours la plage !
Le petit garçon rappela son Pokémon en brandissant une Sombre Ball. Le rayon sauva un Racaillou étouffant dans les flots.
- On se retrouvera Maurice ! Et tu auras moins de chance en combat ! Le petit garçon rangea sa Ball dans une poche de son large bermuda.
- Aquali, reviens ! Le rayon bleu de la Scuba Ball aspira un Aquali fier et souriant d'avoir vaincu un Racaillou très robuste.
- Tu t'es bien battu mon ami ! murmura Maurice à la Scuba Ball, avant de la raccrocher à sa ceinture.
- Mes amis, que la fête reprenne !
Les badauds qui regardaient le combat se dissipèrent, Maurice et ses amis retournèrent en direction du bungalow, l'incident était clos. La fête reprit de plus belle. C'est alors, à l'instant où Maurice ouvrait la porte du bungalow, qu'une lueur terriblement brillante se mit à envahir le ciel, et à éblouir les fêtards.

Fais un vœu...

- Waouh ! Regardez ! Une pluie d'étoiles filantes !
Effectivement, de grandes trainées lumineuses traversaient le ciel, alors qu'il faisait encore jour. Tous les vacanciers coururent vers le milieu de la plage pour mieux les voir. S'éloignant de l'excitation générale, le jeune garçon que Maurice venait d'affronter s'approcha de lui.
- T'es de Sinnoh, pas vrai ? Ici, à Hoenn, les pluies d'étoiles filantes sont très lumineuses. En plus, on peut même en voir le jour ! T'as fait un vœu ?
Maurice haussa les épaules.
- Tu sais, je suis trop grand pour croire à ces bêtises !
- Mais si t'avais un vœu à faire, ce serait quoi ? Insista le petit garçon.
Maurice sourit.
- Et bien... je voudrais pouvoir comprendre mes pokémon. Rien que ce soir. Pouvoir leur parler, leur demander ce qu'ils pensent de moi.
Le gamin hocha la tête pensivement.
- C'est un joli vœu... murmura-t-il.
Maurice sentit comme une vague de chaleur lui traverser le corps. Sa vision se troubla, les fêtards autour de lui devinrent flous. Il avait l'impression de s'endormir...
Puis il recouvra la vue. Le petit garçon n'était plus à côté de lui. Maurice le chercha des yeux quand on lui tapota l'épaule. Le dresseur se retourna pour voir un petit pokémon au corps blanc et à la tête en forme d'une moitié d'étoile qui flottait dans les airs.
- J... Jirachi ! Balbutia Maurice.
Il regarda autour de lui. Personne ne semblait s'être aperçu qu'un pokémon légendaire se trouvait tout près d'eux.
- Je ne suis visible que pour toi, Maurice, l'informa Jirachi.
Perplexe, le jeune homme se retourna vers lui.
- Mais... que... pourquoi es-tu là ?
Tout en parlant, Maurice glissa la main vers sa ceinture pour y attraper une pokéball. S'il arrivait à capturer un pokémon légendaire, il serait célèbre !...
Sa main ne rencontra que du vide. Maurice pâlit. Ses pokémon avaient disparu ! Jirachi, amusé, le rassura :
- Tu te souviens de ton vœu de tout à l'heure ? Et bien, je l'ai entendu et je vais le réaliser. Tes pokémon ont été transformés en humains et sont en ce moment même à cette fête. Tu peux aller leur parler. Mais attention, à la prochaine pluie d'étoiles filantes, ils redeviendront comme avant, alors ne perds pas de temps !
Un sourire émerveillé se peignit sur le visage du dresseur. Ses yeux brillant d'excitation, il lança à Jirachi :
- Je vais d'abord parler à Aquali, c'est mon premier pokémon !
Puis, suivant son instinct, il courut vers la mer. Jirachi le suivit en tournoyant au-dessus des fêtards. Arrivé au bord de l'eau, Maurice sourit. Il avait vu juste !
Un jeune homme aux cheveux noirs, vêtu d'une combinaison bleue, surfait sur une immense vague. Aucun doute, c'était Aquali ! Avec assurance, il glissa jusqu'à Maurice. Celui-ci, impressionné par la force et la splendeur de son pokémon, resta muet.
Après un long silence, le surfer déclara :
- Merci ! Merci pour tout ce que tu as fait pour moi.
Il n'avait plus le cri aigu d'un Aquali, mais une voix douce un peu rauque. Son dresseur balbutia :
- De... de rien. Tu... es vraiment un pokémon formidable ! J'espère avoir été à la hauteur ...
- Et tu l'as été, le rassura Aquali. Tu m'as entraîné nuit et jour, tu m'as poussé à donner le meilleur de moi-même... Je n'aurai pas pu avoir un meilleur dresseur. Seulement...
- Seulement quoi ? Demanda anxieusement le dresseur.
- Ça fait longtemps que tu n'as pas affronté de champion ou de ligue pokémon. J'ai besoin de sensations fortes, moi !
Rassuré, Maurice lui répondit :
- Si ce n'est que ça, je te promets que tu auras toutes les sensations fortes que tu veux ! Dès demain, je pars à la recherche d'un nouveau badge !
- Bien parlé, Maurice !
Et après lui avoir serré amicalement la main, son pokémon repartit surfer sur les vagues.
- Qui va-t-on voir, maintenant ? Demanda Jirachi avec curiosité.
- Lucie, ma Lucario, déclara Maurice.
Jirachi semblait interrogateur.
- Pourquoi as-tu donné un surnom à ta Lucario alors que Aquali n'en a pas ?
- C'est une amie qui me l'a confiée alors qu'elle n'était qu'un Riolu. Elle lui avait déjà donné ce nom.
Tout en marchant, Maurice réfléchissait. Lucie était la plus énergique de son équipe de pokémon. Où pouvait-elle bien se trouver ?
A tout hasard, le dresseur se dirigea vers le terrain de volley. Un match avait lieu. Les joueurs, en sueur, tapaient de toutes leurs forces dans la balle. Une jeune femme élancée évoluait parmi eux, suivant des yeux la balle. Maurice hésita. Était-ce elle ?
Mais en voyant sa force mêlée d'élégance, sa grâce et sa puissance, il n'eut aucun doute. Seule Lucie avait une telle aura, une sorte de beauté sauvage. Maurice était impressionné.
Quand le match fut fini, elle s'avança vers lui. Comme il ne pipait pas mot, elle le taquina :
- Et bien, Maurice ? Tu ne me reconnais pas ?
- Si, si ! Balbutia hâtivement son dresseur.
Lucie éclata de rire. Maurice était tout tourneboulé. Un sentiment de fierté et d'admiration s'empara de lui.
Et soudain, Maurice comprit qu'il n'avait jamais eu besoin de parler à Lucie. Le lien qui l'unissait à ses pokémon était si fort qu'ils se comprenaient sans même prononcer un mot. Il se tourna vers Lucie et tenta d'exprimer ce sentiment, mais aucun mot ne franchit ses lèvres.
En souriant, Lucie posa sa main sur son épaule.
- Ne t'inquiète pas. Ne te tracasse pas pour rien. Si tu as besoin d'aide, je serais toujours là pour toi. Nous serons toujours là pour toi.
Et elle repartit en direction du terrain de volley. Maurice se tourna vers Jirachi.
- Finalement, je n'avais pas besoin de ce vœu, lui avoua-t-il. Mes pokémon et moi, nous n'avons pas besoin de parler pour nous comprendre.
- C'est bien, Maurice, approuva Jirachi. Tu es vraiment un bon dresseur si tu arrives à comprendre ça. Mais tu pourrais quand même profiter de l'occasion pour rencontrer tes autres pokémon.
C'est ainsi que Maurice put parler avec son Avaltout, un homme moustachu et ventripotent qui portait un drôle de costume violet, qui était occupé à dévaliser le buffet. Il vit aussi son Noarfang, un vieil homme au regard aussi vif que son esprit, qui observait le ciel.
Jirachi demanda avec curiosité :
- Qui vas-tu voir, maintenant ?
- Mon dernier pokémon, répondit Maurice. C'est une petite Salamèche que la dame de la pension m'a donné. Ça fait six mois qu'elle est avec moi.
La plage était déserte. Tous les vacanciers étaient partis danser dans le bungalow. Les yeux du dresseur balayèrent les alentours. Il ne voyait que le rouge du crépuscule qui se reflétait dans les vagues. Son regard fut attiré par une tache blanche sur le sable.
C'était une robe légère et simple, que portait une jeune fille assise dans le sable. Elle était de dos, et Maurice ne voyait d'elle qu'une chevelure ondulée. Blonde avec des reflets roux, elle était de la couleur du soleil couchant.
Maurice se sentit tout drôle. Intimidé, il s'approcha de la jeune fille. Celle-ci, ne l'ayant pas aperçu, chantonnait une mélodie mélancolique.
Le jeune homme murmura :
- Salamèche ?
Effrayée, la jeune fille se leva d'un bond. Lorsqu'elle reconnut le visage de Maurice, ses grands yeux bleus s'écarquillèrent puis se remplirent de larmes. Faisant demi-tour, elle s'enfuit en courant.
Sans savoir vraiment ce qu'il faisait, Maurice tenta de la rattraper. Il se sentait tout drôle, comme dans un rêve. Il n'entendait que le léger bruit des pas de Salamèche sur l'eau. Tap, tap, tap, tap...
Parvenu à sa hauteur, il la retint par la main. Son amie se retourna, en larmes. Maurice balbutia :
- Que... pourquoi t'es-tu enfuie ? J'ai fait quelque chose de mal ?
- N... non, sanglota-t-elle. Au contraire...
Maurice ne comprenait plus rien.
- Au contraire ?
Elle bredouilla :
- Maurice... m'as fait sortir de la pension... si gentil avec moi... toujours encouragée, quoi que je fasse... Maurice...
D'une toute petite voix elle avoua :
- ... Je t'aime...
Un flot d'émotions traversa Maurice, sans qu'il sache quoi faire. Il était intimidé, surpris, effrayé... et compris enfin ce qu'il n'avait jamais pu admettre : il était fou amoureux d'elle. Il cherchait les mots pour parvenir à exprimer tout ce qu'il ressentait, quand Jirachi poussa une exclamation étouffée.
Maurice se retourna et vit le pokémon qui affichait un air désolé.
- Pardon, Maurice. C'est fini...
Une vive lueur, semblable à celle de tout à l'heure, illumina le ciel. Des traînées lumineuses filaient de tous côtés. C'était une nouvelle pluie d'étoiles... et la fin du vœu de Maurice.
Celui-ci, comprenant avec horreur ce que cela signifiait, se retourna vers Salamèche. Désemparée, celle-ci disparaissait peu à peu. Maurice tenta de lui attraper la main, mais son bras ne fit que la traverser.
- Non ! Hurla-t-il. Salamèche, je t'...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Déjà, une nouvelle vague de chaleur le traversait. Les contours de la plage devinrent flous. Il ne distinguait plus rien...
Quand sa vision redevint nette, Jirachi avait disparu. Ses pokéballs étaient retournées à sa ceinture.
Lentement, Maurice revint vers la fête. Il ne savait plus quoi faire. Il aimait Salamèche de toute son âme, mais à présent, ils étaient à nouveau séparés par leur différence. « Un humain ne peut aimer un pokémon. » songea-t-il avec tristesse.
Des fêtards le bousculaient sans qu'il s'en aperçoive. Plus rien n'avait d'importance pour lui. Il se laissa tomber sur un banc et resta là, muet, immobile, plongé dans son désespoir.
- Alors, ton vœu s'est réalisé ?
C'était le petit garçon qui venait de s'asseoir à côté de lui. Maurice gémit :
- Oui... c'est horrible... ce vœu vient de détruire ma vie
Le gamin sembla se perdre dans ses pensées, puis déclara :
- Attends moi là, je vais voir quelque chose...
- De toute façon, où veux-tu que j'aille ? Marmonna Maurice.
Quelques instants plus tard, l'enfant revint en tenant quelqu'un par la main. Maurice ne se donna même pas la peine de lever la tête.
- Maurice ? Fit une voix où se mêlaient l'espoir et l'inquiétude.
Le dresseur releva lentement son visage. Il aperçut d'abord une robe blanche, puis des cheveux blonds-roux et enfin... des yeux bleus profonds, si profonds qu'il aurait voulu s'y perdre...
Il se releva, balbutia quelque chose, cligna des yeux comme s'il ne pouvait pas y croire... Il ne trouvait pas de mots pour décrire ce qu'il ressentait.
De l'intérieur du bungalow, une musique douce se fit entendre. Un slow. Maurice ouvrit enfin la bouche et demanda timidement :
- On danse ?
Le visage de Salamèche s'éclaira d'un sourire. Main dans la main, ils entrèrent dans le bungalow.
Le gamin les regarda en souriant.
- Ils auraient pu dire merci !
Puis il se dirigea vers la plage déserte. Là, il resta longtemps à contempler les vagues. Puis, satisfait, il haussa les épaules.
- Ah, ces humains !
Et, reprenant son apparence de Jirachi, il s'envola dans le ciel, laissant derrière lui une trainée lumineuse.

- Oh, regarde cette étoile filante !
Maurice serra Salamèche dans ses bras.
- Fais un vœu... lui chuchota-t-il à l'oreille.
Elle se tourna vers lui, le regard plein d'amour.
- Il s'est déjà réalisé...